RELATOS SALVAJES (2014) Les nouveaux sauvages - Cinemaniacs.be
RELATOS SALVAJES Les nouveaux sauvages
Vulnérables face à une réalité trouble et imprévisible, les personnages de Relatos salvajes, traversent la frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amoureuse, le retour du passé, une tragédie ou même la violence d’un détail du quotidien sont les détonateurs qui poussent ces personnages vers le vertige que procure la sensation de perdre les étriers, vers l’indéniable plaisir de perdre le contrôle.
On croyait le genre disparu, et voici qu’un film à sketches des plus savoureux nous arrive d’Argentine. Et dans la meilleure tradition du cinéma italien des années 60. Difficile de ne pas penser aux Monstres de Dino Risi. Ceux de Damian Szifron n’ont rien à leur envier même s’ils appartiennent à d’autres lieux et à d’autres temps. On peut certes voir dans ces 6 histoires le fil conducteur des absurdités auxquelles l’homme d’aujourd’hui peut être confronté, et plus particulièrement sous des latitudes encore profondément marquées par le machisme, la bureaucratie, les inégalités sociales. L’absurdité est partout, le hasard est le seul guide et, souvent, il engendre des catastrophes. Les hommes et les femmes qui en sont les victimes ont beau essayer de faire valoir la raison, ils sont irrésistiblement entraînés, et ne maîtrisent plus grand-chose. Ils sombrent, pètent les plombs. Mais le film n’est à aucun moment pesant ou démonstratif, il nous entraîne au contraire dans un tonique mélange des genres : thriller, comédie, drame, romantisme, Szifron passe sans crier gare de l’un à l’autre quand il ne joue pas sur plusieurs registres en même temps. Pour notre plaisir. Un film qui dit zut au formatage, cela fait du bien. La seule règle est de ne pas en avoir. Le trash, le mauvais goût, l’humour noir et cruel, les personnages nagent, ou plutôt surnagent dans l’incorrect, et il est permis d’en rire. Almodovar a coproduit le film, il ne pouvait pas en être autrement ! Les « Nouveaux Monstres « bousculent, choquent, prouvent une nouvelle fois la vigueur du cinéma argentin. Et si d’aventure, au volant de votre cabriolet tout neuf, il vous arrivait de doubler un véhicule tout branlant sur une route déserte, restez courtois : il pourrait vous arriver malheur !