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SPRAKELOOS (2016) La langue de ma mère - Cinemaniacs.be
SPRAKELOOS La langue de ma mère |
Sprakeloos décrit le mutisme dont est frappée la mère du romancier suite à un accident vasculaire cérébral, une mère autrefois si forte devenue l’ombre d’elle-même. Cet accident plonge l’écrivain, sous pression car il doit rendre le manuscrit de son nouveau roman, dans de profondes interrogations sur ses choix de vie. Le récit revient également sur l’enfance de l’écrivain, et ses rapports avec ses parents.
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Rares sont les films flamands distribués de l’autre côté de la frontière linguistique. Sprakeloos fait figure d’exception. Le film de Hilde Van Mieghem doit cette »faveur » à la notoriété de Tom Lanoye dans le microcosme francophone de Belgique, celle d’un excellent écrivain, fort heureusement traduit depuis plusieurs années. Son roman dont est tiré le film connut un gros succès populaire auprès d’un public, toutes tendances linguistiques confondues, ravi de retrouver le réalisme, l’humour, le sens de la dérision qui en font un digne continuateur d’Hugo Claus. Les personnages simples, souvent obtus, bourrus, maladroits dans l’expression de leurs sentiments mais jamais ridiculisés, les villes et villages du Pays de Waes accrochés à leurs traditions où l’on rit et mange gras, composent le tableau d’une Flandre sympathique, conservatrice certes et parfois bloquée par un catholicisme ultra-conservateur. Pour l’homosexuel, ce sera l’enfer !! Un film, même bon, rend rarement justice à un grand roman, et c’est une fois de plus le cas. Il resserre l’intrigue autour de la difficile relation entre la mère, femme du boucher du village mais qui est une diva du théâtre amateur, capricieuse et cabotine, et son fils mal-aimé(le fils favori, lui, s’est tué dans un accident de moto), qui rêve de devenir écrivain et qui affiche sa perversité, autrement dit son homosexualité. L’aphasie de la mère obligera le double de Tom Lanoye à revenir sur son passé, les blessures se rouvrent, comment dire son amour lorsque le langage a disparu ? Pas sûr qu’il soit même entendu. Reste une très grande solitude doublée d’une difficulté à terminer l’œuvre littéraire promise à l’éditeur. Rien à redire sur l’interprétation, les comédiens sont des valeurs sûres du théâtre et de la télévision flamands. On regrettera que, par rapport au roman, le récit comprenne trop d’ellipses qui ne permettent pas d’approfondir les relations entre les personnages, le film passe et escamote. De même, l’enracinement dans une époque, un lieu, a pratiquement disparu. Etait-ce le prix à payer pour « universaliser » l’histoire ? Dans ce cas, elle a perdu de sa saveur et un peu de son authenticité. Et c’est dommage.
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