UNA PISTOLA EN CADA MANO (2013)

Heureuse surprise que ce film d’un réalisateur espagnol (catalan) qui jusqu’ici n’avait guère attiré l’attention. D’une saynète à l’autre, Cesc Gay nous offre une série de portraits d’hommes faits pour se rencontrer : paumés, en plein désordre sentimental, pas très matures, ils prêtent à sourire, ils sont plutôt sympas et on a presque envie de les plaindre même s’ils sont les premiers responsables de ce qui leur arrive. Les femmes qui, elles, ont parfois été victimes de leur lâcheté, se sont reconstruites et apparaissent bien plus solides, non parfois sans une certaine cruauté. Hommes et femmes d’aujourd’hui, qui trouvent difficilement leur chemin dans une société permissive mais qui finit toujours par réclamer des comptes. Malheur aux plus faibles, et vous savez déjà à quel sexe ils appartiennent ! Bien sûr, il y a un voile de mélancolie qui couvre toutes les scènes de ce film choral, mais les dialogues brillants, d’une drôlerie caustique lui donnent en même temps une légèreté qui entraîne facilement le spectateur dans un jeu parfois un peu pervers de chats et de souris. On est loin de l’hystérie- souvent réjouissante- d’Almodovar. Certains pourront regretter une forme trop théâtrale, le caractère parfois trop prévisible ou répétitif de la succession des saynètes. Mais quel plaisir d’acteurs, tous (hommes et femmes !) remarquables, à commencer par l’Argentin Ricardo Darin, toujours aussi épatant, d’un rôle à l’autre. Un film qui parie sur l’intelligence du spectateur, souhaitons-lui plus que l’ audience restreinte d’une fin d’été.