|
|
BRAGUINO (2018) - Cinemaniacs.be
Au milieu de la taïga sibérienne, à 700 km du moindre village, se sont installées 2 familles, les Braguine et les Kiline. Aucune route ne mène là-bas. Seul un long voyage sur le fleuve Ienissei en bateau, puis en hélicoptère, permet de rejoindre Braguino. Elles y vivent en autarcie, selon leurs propres règles et principes. Au milieu du village : une barrière. Les deux familles refusent de se parler. Sur une île du fleuve, une autre communauté se construit : celle des enfants. Libre, imprévisible, farouche. Entre la crainte de l'autre, des bêtes sauvages, et la joie offerte par l'immensité de la forêt, se joue ici un conte cruel dans lequel la tension et la peur dessinent la géographie d'un conflit ancestral.
|
Etrange film du réalisateur français Clément Cogitore, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. Plongée dans la beauté étrange et parfois surréelle de la Taïga sibérienne, dans un village perdu à 700 kms de ce qu’il est convenu d’appeler la civilisation. Un village ? Pas vraiment ! Juste un lieu de survie pour la famille Barguigne dans une nature qui les isole et les protège de la modernité, qui les menace malgré tout et risque bien de détruire dans un futur proche leur retour à la vie sauvage. Retour rousseauiste vers une certaine innocence ? Peut-être, encore qu’on ne saisisse pas très bien toutes les motivations de Sacha qui y a entraîné femme, enfants et petits-enfants, au-delà d’un respect profond pour ces animaux qu’il faut bien chasser pour se nourrir. On ne tue pas pour le plaisir, au contraire de ces chasseurs très poutiniens qui font irruption en hélicoptère de plus en plus souvent et de plus en plus nombreux. D’une certaine beauté à sa destruction, il n’y a qu’un pas, et on ressent cette menace à travers tout le film. Mais ce film prend d’autres dimensions ; une autre famille est venue s’installer, les Kiline, et très vite, la méfiance s’est installée, on s’évite, on ne se parle pas, comme si l’autarcie poussait à la paranoïa. Les Kiline, on les verra à peine, fugitivement, et on ne les entendra jamais, une haine quasi shakespearienne s’est installée, si absurde dans ce lieu isolé. Seuls les enfants des 2 familles se croisent, sans se parler, obligés qu’ils sont de se partager la même ère de jeux. Enfants blonds, presque diaphanes, dont la beauté contraste avec la décrépitude des adultes édentés. Que deviendront-ils ? Le film, dans sa brièveté, ne nous en dit rien, il abandonne tous les personnages , nous ne saurons rien de leur destin(même si on peut l’entrevoir) et on se prend à regretter cette hésitation entre le documentaire et la fiction. L’étrangeté des Braguine et des Kiline , on aurait aimé s’y attarder… |
|
|